RIP fibre : tout sur les réseaux d’initiative publique

Dans les grandes villes, les opérateurs privés investissement massivement pour accélérer le déploiement de la fibre optique. En revanche, dans les zones rurales ou peu denses, souvent qualifiées de zones blanches ou grises, ce sont les collectivités territoriales qui s’en occupent. Cela se fait au moyen des Réseaux d’Initiative Publique (RIP). Mais concrètement, comment fonctionnent les RIP et surtout, comment l’utilisateur final peut-il en bénéficier ? On vous dit tout.

Qu’est-ce qu’un RIP fibre ?

RIP fibre

Un Réseau d’Initiative Publique (RIP) est une infrastructure de fibre optique financée par les collectivités locales pour couvrir les zones jugées peu rentables par les opérateurs privés. Il s’agit d’une réponse concrète pour réduire la fracture numérique qui sépare les zones urbaines denses des territoires plus ruraux ou de faible densité. Le concept des RIP n’est pas récent, il est né en 2004 suite à la loi pour la confiance dans l’économie numérique, qui a donné aux collectivités les moyens légaux d’agir sur l’aménagement numérique de leur territoire.

Ces réseaux sont créés dans des zones où les grands opérateurs de télécommunications jugent l’investissement non rentable. Typiquement, un opérateur privé ne déploiera pas la fibre si le coût de raccordement par foyer dépasse le gain potentiel, ce qui est souvent le cas à la campagne ou dans les zones montagneuses. Les collectivités territoriales, qu’elles soient au niveau communal, départemental ou régional, se substituent alors aux acteurs privés. Elles prennent en charge le coût de l’infrastructure pour garantir l’égalité d’accès au Très Haut Débit (THD) pour tous.

L’existence des RIP est fondamentale pour atteindre les objectifs ambitieux du Plan France Très Haut Débit (THD). Lancé en 2013, ce projet visait d’abord à couvrir l’ensemble du territoire en fibre optique à la fin de l’année 2022. Cette échéance n’a pas pu être tenue, surtout en raison de la crise sanitaire, mais le déploiement de la fibre se poursuit très activement.

👍🏻 Bon à savoir

Les derniers chiffres publiés par l’ARCEP montrent un taux de couverture en France de 92 %, avec 41,1 millions de locaux raccordables en FTTH. Concernant les RIP, 300 000 locaux ont été rendus raccordables au premier trimestre 2025 mais 1,8 million de locaux restent encore à couvrir. L’objectif de couverture totale du plan France THD est maintenant reporté à 2025, voire à l’horizon 2030 pour certaines régions.

Comment est déployée la fibre dans les RIP ?

Le déploiement d’un RIP repose sur un partenariat entre collectivités et opérateurs d’infrastructure (OI). La première décision prise par la collectivité concerne le périmètre géographique du réseau, qui peut être à l’échelle d’une intercommunalité, d’un département ou d’une région. Les collectivités sont également les principaux financeurs du projet, souvent avec des aides de l’État et des fonds européens pour minimiser les coûts.

Une fois le périmètre défini et le financement assuré, la collectivité lance un appel d’offres. Sauf exception, elle ne construit pas le réseau elle-même. Cette tâche est confiée à des opérateurs d’infrastructure (OI) privés, via une délégation de service public ou un marché public. Ces OI sont des acteurs majeurs spécialisés dans la construction, l’exploitation et la maintenance de réseaux fibre. Parmi eux, on retrouve des filiales de grands groupes comme Orange (Orange Concessions) ou XP Fibre (SFR), Axione, mais aussi des entreprises comme Altitude Infra et Lumière.

Les absents de la construction RIP

Free reste peu engagé dans les appels d’offres des collectivités pour les RIP. L’opérateur de Xavier Niel concentre surtout ses efforts sur ses propres déploiements commerciaux et ne prend pas part aux appels d’offres lancés par les collectivités. De son côté, Bouygues Telecom ne construit pas les RIP directement. Le groupe Bouygues possède Axione, opérateur d’infrastructures spécialisé dans le déploiement des RIP, mais Bouygues Telecom lui-même se limite à commercialiser ses offres une fois que le réseau est construit.

Vous l’aurez compris, il existe bien une différence entre l’opérateur d’infrastructure, qui construit la ligne, et les FAI (Orange, Bouygues Telecom, Free, SFR, etc.) qui commercialisent les abonnements auprès des clients.

En ce qui concerne le déploiement, il se fait par étapes. Les zones les plus peuplées d’un département sont généralement raccordées en premier, puis viennent les communes plus petites et enfin les villages isolés. Cette stratégie permet d’optimiser les coûts tout en élargissant progressivement la couverture.

Comment bénéficier de la fibre dans une zone RIP ?

Pour accéder à la fibre optique dans une zone couverte par un RIP, vous devez avant tout vérifier l’éligibilité de votre adresse. Pour cela, vous pouvez consulter la carte fibre de l’ARCEP. L’ARCEP en tant qu’autorité de régulation fournit une cartographie détaillée du déploiement et permet de visualiser l’avancement des travaux ainsi que la disponibilité effective des prises. Les sites des collectivités locales ou des opérateurs d’infrastructures donnent également accès à des informations actualisées, souvent plus détaillées sur les projets en cours. Vous pouvez aussi faire un test d’adresse sur un comparateur pour connaître les offres disponibles chez vous.

Par ailleurs, il faut comprendre que l’offre commerciale ne ressemble pas toujours à celle des grandes villes. Le réseau est neutre et ouvert à tous, mais les grands opérateurs comme Orange,  Bouygues Telecom, Free et SFR n’arrivent pas toujours en même temps, ni immédiatement après la fin des travaux. Souvent, les premières offres disponibles proviennent d’opérateurs alternatifs tels que K-Net, Ozone ou Nordnet.

La présence des grands opérateurs se généralise ensuite de façon progressive. Leur arrivée dépend de leur stratégie commerciale pour chaque RIP et des accords qu’ils signent avec l’opérateur d’infrastructure local. Il faudra donc rester vigilants et tester votre éligibilité régulièrement. Le marché évolue vite, et une nouvelle offre d’un grand opérateur peut arriver seulement quelques mois après la mise en service du réseau. Pour vous assurer de choisir la meilleure offre internet, comparez systématiquement les abonnements proposés par chaque opérateur. Avec notre comparateur d’offres internet, vous pouvez sélectionner la formule dont les débits, le tarif et les services inclus correspondent réellement à vos besoins.

Quel avenir pour les RIP ?

Le calendrier national vise une généralisation complète de la fibre. L’État a fixé un cap clair, atteindre 100 % de locaux raccordables à la fibre d’ici 2030, avec une étape décisive en 2025 où la quasi-totalité du territoire doit déjà être couverte. Cet objectif s’accompagne de la fermeture progressive du réseau cuivre, prévue pour 2030, ce qui rendra la fibre incontournable. Chez Bouygues par exemple, les offres Bbox reposent désormais uniquement sur la fibre, les abonnements avec l’ADSL n’étant plus commercialisés.

En outre, la présence commerciale des grands opérateurs devrait se généraliser progressivement sur la plupart des RIP. En effet, la phase de construction nécessite l’expertise et le financement des opérateurs d’infrastructure (OI), mais la phase de commercialisation demande l’implication des FAI pour assurer un choix compétitif aux habitants. Ainsi, les utilisateurs auront accès à une offre très variée et pourront choisir un abonnement qui leur convient.

Les RIP sont très importants pour l’égalité numérique entre les zones rurales et urbaines. Leur succès assure que le lieu de résidence ne soit plus un facteur déterminant dans la qualité de l’accès à Internet. Ainsi, que ce soit pour un logement principal situé en centre-ville ou pour une résidence secondaire en zone reculée, l’accès à une offre fibre sera simplifié.

L’avenir des RIP ne se limite donc pas à une question d’installation et de débits. En finançant le déploiement là où le marché privé ne le ferait pas, les collectivités garantissent que les services numériques modernes (télétravail, services publics en ligne, e-santé, etc.) deviennent accessibles à tous.

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